L'héritage Laé-Keraudren

Version 3.6_Page 03-51_décembre 2018

 

Comme il a déjà été dit précédemment, les héritiers de Joseph Keraudren et de Marie Jeanne Kerguelen ont bénéficié d’un traitement particulier, dans la mesure, où il n’est pas question des héritiers, mais d’une sorte de copropritété avant l’heure, qui se manifeste sous l’appellation « laé-keraudren », là où on pouvait s’attendre à trouver « les héritiers keraudren » ou même les enfants de... comme dans le mesurage de Garrec Ven (page 31-03)..

 

Une indivision importante


La masse des biens à partager en 1839 entre les héritiers Laé-Keraudren est conséquente : un ensemble de maisons avec 8,4 hectares de terres à Trégoudan et Quélern ; autant sur les villages de Kerellot et de Lambézen. S’il y avait moins de superficie sur Saint Fiacre et sur Le Fret, la maison du Fret valait probablement plus cher. Il s’agit ici des biens provenant de successions dans la famille Ollivier

 

Sans oublier la maison de la rue Poulpatre à Crozon, dont un sixième a été payé 600 F par M. Flers en 1849 en plus des plus 700F donnés à Jean Marie Vergos, qui en avait l’usufruit.

 

Faute d’avoir les copies des déclarations de succession, il faut se limiter à des suppositions. La maison de Jean Derrien avec 4,5 Ha de terre a été estimée 3000 francs en 1836. L’ensemble des maisons et des terres à partager doit valoir près de 20000 francs, peut-être même plus, ce qui en fait une indivision importante.


D’où viennent ces biens ?

 

Lors du tirage au sort réalisé en 1840, Alain et Anne-Marie Laé ont obtenu des biens situés essentiellement à Kerellot et Lambézen. Ces biens sont probablement ceux appartenant en propre à Marie Jeanne Kerguelen, car la maison porte le nom de « maison de Michel Kerguelen », son père.

Il y a cependant un point troublant. Sous réserve d'informations complémentaires, Marie Jeanne Keraudren a hérité aussi d'une partie des biens sa sœur Marie Anne Kerguélen; peut -être aussi une partie de ceux de son frère Jacques, décédé en 1797.

 

 

Mais que sont devenus les biens des deux autres sœurs : Marie et Marie Françoise? On ne les retrouve pas sur le cadastre. Marie ne s'est pas mariée, par contre, Marie Françoise a épousé M. Le Moign du Fret et ses biens sont allés à ses enfants. Pour mémoire la maison du Fret, qui se trouve dans l’indivision, fait partie d’une succession Ollivier . Cela veut dire alors, que les biens de Michel Kerguelen étaient encore plus importants. Mais on constate aussi, que la part venant de Marie Anne Kerguelen n'est pas très élevée, alors qu'elle devrait être au moins égale à celle de Marie Jeanne. Cela semble bien indiquer que Marie Jeanne a vraisemblablement racheté la plus grande partie des lots de son frère et ceux de ses sœurs, du moins ceux, qui se trouvaient à Kerellot et aux environs.

 

Joseph Keraudren, se son côté, avait également des biens non négligeables, notamment ceux situés à Saint Fiacre (successions Lucas), Lambézen et Penarcréac’h..

 

L’origine de la ferme de Trégoudan reste obscure. Selon l’hypothèse formulée dans la page « les premiers Laé », basée sur la généalogie de la branche Kerguelen, ce serait un bien de la famille Carn. Ce n'est pas si simple.

 

En effet, il faut se rappeler qu'elle s'appelait autrefois "ty postic", probablement du nom d'un de ses précédents propriétaires. Or il y avait des  familles "Postic" dans les villages voisins et notamment Françoise Postic arrière grand-mère de Joseph Keraudren. Son lieu de naissance ne figure malheureusement pas dans l'acte dressé après son décès, mais comme son mari est de Roscanvel, il est possible, qu'elle vienne également de cette paroisse. Cela veut-il dire, que le Pors était un bien Postic, donc un bien propre à Joseph Keraudren ? Et les Carn dans tout cela ?

 

Chacun des héritiers Laé n'en aura qu'un sixième des biens à partager, Jacques Keraudren en ayant la moitié.

 

Les biens ont été partagés en deux temps : tout d'abord en 1839  entre Jacques Keraudren et les 3 enfants de sa sœur en indivis, puis l'année suivante entre les 3 enfants, qui ont tiré au sort les 3 lots.

Le partage du 7 novembre 1839


Joseph Keraudren est décédé le 9 octobre 1787, donc 50 ans avant le partage.


Sa veuve, Marie Jeanne Kerguelen,  est décédée le 1er mars 1827


Sa fille Marie Anne Kéraudren, épouse de Jean François Laé, décède le 17 mai 1838, probablement du choléra, et ses droits ont été transférés à ses 3 enfants.


Le partage est intervenu à la fin de l’année, qui a suivi le décès de Marie Anne Keraudren.


Nous avons un brouillon du partage, qui énumère les biens attribués à chacune des parties. Il s’agit essentiellement des biens hérités des parents, Joseph Keraudren et Marie Jeanne  Kerguelen, auxquels s’ajoutent ceux de leur tante Marie Françoise Kerguelen, qui a fait don de ses biens aux enfants de sa sœur. .

 

Jacques Keraudren, leur oncle, a la moitié « ouest » du Pors et 33 parcelles situées à Trégoudan et Quélern. Il récupère « Jardin Bras », qui sera source de litiges. De même il a la moitié l’édifice, qui se trouve entre les deux habitations principales, ce qui posera également des problèmes par la suite.

 

Dans le litige entre Jacques Keraudren et Jacques Laé elle est désignée sous le nom de « Ty Creis ».


Sur le cadastre napoléonien il n’y a qu’une maison principale ; l’autre a été probablement construite entretemps et comme les deux maisons ont été refaites à la fin du 19ème siècle, il est difficile de s’y retrouver, d’autant moins qu’il y a eu d’autres modifications entretemps.


La seule chose qui ait gardé ses dimensions d’origine : la vieille cuisine, édifice isolé près de la route, dont il reste aujourd’hui 3 pans de mur.

 

La maison du Fret


Jacques Keraudren récupère aussi une maison au Fret, dite la maison de la femme de Jean Philippe Ollivier (l'arrière grand père de Marie Anne Kerguelen) avec 6 parcelles situées entre Le Fret et Saint Driec. Ces biens sont affermés à Jean Marie Bathany.

 

Cette maison est-elle à rapprocher de l’assignation du 21 mai 1844 faite par Laurent Disarbois au sujet de l’usufruit de Pierre Ollivier ? Pierre Ollivier, né le 26 janvier 1807, a épousé Catherine Menesguen ; sa mère était Anne Diserbois ! Pourtant on ne le retrouve pas dans les BMS à la date donnée!

Est-ce la même famille que celle de Jeanne Olivier, partie prenante dans le rachat de 1753 ? Dans la grille on a bien Marie Ollivier, mais c'est la grand-mère de Marie Anne Keraudren.

Est-ce aussi la même famille que l’on va retrouver lors de l’affaire de Prat Keranguyader ?

 

 Le  partage de 1840


Les 3 enfants survivants du couple « François Laé - Marie Anne Keraudren » ont ensemble l’autre moitié du Pors, deux maisons à Kerellot et des terres, réparties sur un secteur qui va de Trégoudan à Lambézen.


Lors du tirage au sort réalisé en 1840, Alain et Anne-Marie Laé ont obtenu des biens situés essentiellement à Kerellot et Lambézen. Les biens de Kerellot sont probablement ceux appartenant en propre à Marie Jeanne Kerguelen ou à sa soeur, car la maison porte le nom de « maison de Michel Kerguelen ».

 

Jacques Laé obtient la moitié « est » du Pors, appelée Ty Postic. Chacun a une trentaine de parcelles de terres.

 

 

La rente Jaffré


 Cependant à Kerellot le nom de Jacques Jaffré est parfois associé aux deux noms «  Laé-Keraudren ».

 

Contrairement à ce que l’on peut lire par ailleurs sur les listes des différents cadastres, l’ensemble des biens de Joseph Keraudren et de sa femme figurent sous l’appellation « Laé-Keraudren » et non pas « héritiers Keraudren ».

Cela ne concerne pas toutes les parcelles. Par exemple Jacques Jaffré reste propriétaire de la crèche située dans l’alignement de la maison de Kerellot.

 

Dans un document de 1820 Jacques Jaffré a cédé à Jacques Keraudren la rente consentie en 1789 par Marie Jeanne Kerguelen au profit d’Alain Jaffré, son père.

 

Compte tenu de la complexité de la situation une page spéciale (P13-03) lui a été consacrée.

 

Les difficultés des successions Kerguelen-Vergos


Dans le partage de 1839 il y a des biens provenant de la succession de Françoise Kerguélen, leur tante, mais leur identification n’est pas évidente, sachant que son mari, Jean Marie Vergos est usufruitier. D'ailleurs une rente lui est versée, au moins jusqu’en 1850. Il décédera seulement le 29 février 1856 à l'âge de 92 ans!

Jean Marie Vergos est aussi usufruitier d’une maison, à Crozon, rue Poulpatre, qui sera partagée en deux, puis encore en trois par les héritiers Laé. Cette maison est derrière l'église de Crozon, à l'entrée de la rue Poulpatre. C'est bien la maison, qui figure sur la photographie. Il avait également une crèche à côté, qui a été transformée pour devenir la maison visible à gauche. Il y avait aussi une petite crèche dans la cour.

S'il a l'usufruit, cela veut dire, que la maison appartenait à la famille Kerguelen.

 

La maison a le numéro 493, la crèche sur le côté est au 492 et la petite crèche dans la cour portait le numéro 494 avant d'être fusionnée avec la maison. 

Sur l'état des sections il est question de Jean Marie Versos et neveu; on aurait dû trouver Laé-Keraudren.

En 1849 Jacques Laé a vendu sa part à François Marie Flers, qui occupait déjà la maison, du moins la partie attribuée aux Laé.

A-t-on vraiment fait le tour de l’héritage ?

 

 

L’examen superficiel du cadastre napoléonien semble indiquer, qu’il y a beaucoup plus de terres dans l’indivision.

malheureusement le brouillon de 1839 n'est pas toujours très lisible et le notaire n'a jamais indiqué les numéros des parcelles, qui ont été attribués lors de la réalisation  du cadastre.