Un homme à la côte

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Auguste Laé et Véronique Quelen ont eu un second fils, prénommé également Auguste, qui est né le 5 septembre 1873.

il est devenu constructeur de navires.

 

Le chantier

Le chantier de construction se trouvait dans un champ, appelé « Parc ar Stang », à proximité de la mer, comme on le voit sur la photo ci-dessous. C’était une construction en bois, enduite de goudron et couverte de tuiles.

Sur la photo on voit également un bateau. En fait il s'agit du "Joseph", dont il sera question plus loin et qui, en fin  de vie, est revenu à son point de départ (cependant on trouve aussi des textes, où l'on parle du Rouanez ar Mor).

 .

 

On peut mieux voir la photo sur le site :

http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA29004771&full_screen_id=ILLUSTRA2827#image

 


Le mode de construction ne devait pas être différent de celui de M. Keraudren, un cousin, installé  un peu plus loin, sur la route de Crozon, à Garrec Zu.
 

En 1906 Auguste Laé a demandé l’autorisation d’occuper une partie du domaine maritime pour lancer ses bateaux. Il s’agissait d’une surface de 200 m², portée sur le plan, en bas du chemin qui allait du chantier à la mer et qui a été considérablement rétréci, lors de l’élargissement de la RD355.

 

Sur le schéma on constate que la route de Trégoudan n’existait pas encore, la route de la Fraternité non plus; par contre celle qui passait sur le sillon venait d'être construite ou était en cours de construction.

On distingue bien le chemin de Messiber et Garront ar C’hor, ainsi que le chemin, qui devait traverser l’étang. Au-delà de l’étang on voit le chemin de Beg ar Grogn et en haut le chemin, qui allait à Roscanvel, venant de Bel Air et se dirigeant vers Lanvernazal. La route actuelle ayant été construite un peu plus tard.

 

Pour mémoire la route de la Fraternité a été construite dans la même période, puisque les expropriations ont été signifiées début 1902.

 

Les bateaux.


Sur le site crozon-bretagne.com on trouve la reproduction de quelques articles du journal « La Dépèche », qui donne des indications sur le lancement de 3 des bateaux construits par Auguste Laé :

(http://www.crozon-bretagne.com/histoire/ok/article.php?ID_hist=1848

 

et http://www.crozon-bretagne.com/histoire/ok/article.php?ID_hist=1882)

 

mai 1903 le « Joseph », qui finira sa vie devant le chantier

 

 juin 1903 le « Forban », tous deux destinés à la pèche au homard  sur les côtes anglaises

 

avril 1906 le « Casoar », qui fera la traversée de la rade et dont la photo est donnée ci-dessous

Il faut rapprocher cette dernière date de celle portée sur la demande d’occupation du domaine maritime : 24 avril 1906, donc une semaine après.

 

Par ailleurs il faut noter que les 2 premiers bateaux ont été construits après la crise de la sardine (hiver 1902-1903), qui a amené les pêcheurs à se tourner vers la pêche aux crustacés ( langouste et homard).

Les nouveaux bateaux comportent désormais un vivier.

 

La transition est décrite par M. Lami dans un  article très détaillé :

M. Lami   lien Annales de Bretagne  lien   Année   1936   lien Volume   43   lien Numéro   43-1-2   lien pp. 34-67

accessible à l'adresse suivvante:

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391x_1936_num_43_1_1742

 

 

On retrouve les deux premiers bateaux dans un autre article, également publié par "crozon-bretagne.com".

http://www.crozon-bretagne.com/histoire/ok/article.php?ID_hist=1265

 

 

Le 25 mai 1905 a lieu le départ de la flotte camarétoise vers les lieux de pèche : Espagne et Angleterre pour les bateaux les plus gros, ile de Sein pour les plus petits.

 

Le "Forban" a changé de propriétaire, son patron est désormais Louis Kerspern.

Le "Joseph" a pour patron M. Le Théo, mais curieusement en 1908 le propriétaire du "Joseph" sera Jean Laé.

 

M. Théo est en fait originaire de Kerloc’h ou plutôt Keranguyader, le village voisin, où ont également habité certains membres de la famille Laé. Les deux familles étaient très proches et l’oncle Joseph a armé un bateau avec son ami Théo entre les deux guerres.

 

 

La carte postale ci-dessus a été éditée à la fin des années 30 (Ker Duikuiza a son toit actuel). Elle représente le « Joseph », devant le chantier d’Auguste Laé », à une époque où il ne servait plus que de « cabine de bain » pour les jeunes filles du village. Thérèse Laé écrit au verso qu’il s’agit du bateau du grand-père.

 

Il faudrait fouiller dans les registres de l'inscription maritime pour retrouver les autres bateaux.

 

Les ouvriers d'Auguste Laé d'après le dénombrement des populations réalisé en 1911

 

Le dénombrement des populations de 1911 est le dernier mis en ligne, probablement pour préserver la vie privée des personnes encore vivantes. C’est aussi celui, qui comporte des mentions supplémentaires intéressantes.

On trouve par exemple la mention « patron » pour distinguer les chefs d’entreprises des autres habitants, notamment des cultivateurs, chefs d’exploitation agricole.

 

Auguste Laé y figure donc comme patron.

L’agent recenseur a aussi fait la différence entre les simples charpentiers et ceux, qui travaillaient à la construction  de navires ; il a repéré également, parmi les charpentiers de navires, ceux, qui travaillaient chez Auguste Laé, ou chez Keraudren, à Camaret.

Sous réserve qu’il en ait omis quelques uns, ce qui est très probable, on apprend ainsi, qu’Auguste Laé faisait travailler Noël Stéphan et Alain Jaffré de Lanvernazal , ainsi que Jean Guillamot, scieur de long, qui habitait le Pors comme domestique en 1906, auxquels il faut très probablement ajouter Paul Jezequel de Trégoudan, Jean Gelin, également de Trégoudan et Jean Marie Gentric de Lodoën. Il y aurait aussi un Pennec du Lez.

Jean Guillamot a donc commencé comme apprenti.  Il a été logé pour commencer chez son patron, à la ferme.

Ensuite il a habité la maison de Georgette.

Après la déroute d’Auguste Laé, la plupart des ouvriers sont allés rejoindre l’annexe du chantier  Keraudren,à Garrec Zu.


Une triste fin


Comme plus tard dans le cas de son neveu, Joseph, la famille a refusé le mariage, qu’il avait prévu.

Ses affaires ont mal tourné et il a été contraint d’emprunter de l’argent à son frère. L’obligation du 31 mai 1910  a été complétée par une reconnaissance de dette, signée le 8 juillet suivant.

Finalement, en 1911 d'abord,  puis en 1929, ne pouvant  rembourser le prêt, il a  cédé tous ses biens à son frère en échange d’un hébergement à vie, dans la ferme de Trégoudan, qu’il habitait et qui est désormais occupée par son frère.

Tout d'abord, lors de la licitation du 22 et du 27 mars 1911, il a cédé  sa part dans le magasin du quai, à Camaret et dans la partie de la ferme de Kerloc’h, qu’il avait eue après le décès de leur mère, Véronique Quelen, survenu quelques jours plutôt, le 22 février 1911.

Puis, lors de la licitation du 19 et du 30 janvier 1929, il a cédé le reste de ses biens, c'est-à-dire en fait les deux fermes de Trégoudan, ce qui amène à se poser des questions sur le partage des biens de Jacques Laé, puis ceux de Véronique Quelen entre les deux frères Laé.

Sa vie se retrouve décrite dans une nouvelle d’Henri Quéfellec : « un homme à la côte ».

Auguste Laé est décédé le 26 février 1938.


Ce qu’il en reste

 

De son activité de constructeur de navires il reste encore quelques outils et surtout plusieurs demi coques, même si la plupart ont disparu lors de la reconstruction du chantier,

 

Il y a aussi deux livres sur la construction des Yachts anglais au début du 20ème siècle, quelques factures  ..

 

L’ancien chantier a été remplacé par un hangar en maçonnerie dans les années 70.

Curieusement c’est cette nouvelle construction que l’on voit apparaître sur internet avec le nom de « chantier d’Auguste Laé » !