La gorge de Quélern

 

Version 3.7_Page 01-21_novembre 2019

 

Des habitants pris à la gorge


Les deux villages de Trégoudan et de Quélern occupent une situation particulière à l’entrée de la presqu’ile de Roscanvel (que l'on appelait autrefois « presqu’ile de Quélern »).

Cela se voit nettement sur la carte marine ci-dessous, publiée au tout début du 20ème siècle. Entre les deux étangs il y a zone étroite, en grande partie occupée par le fort de la pointe Trémet, le réduit et les lignes de Quélern.

 

Cet étranglement est également très visible sur la photographie aérienne; en vert les limites de l'emprise des terrains occupés par l'armée. en rouge les deux sorties.


Les voies de communication

 

Les deux villages de Quélern et de Trégoudan sont situés sur l'ancien chemin (hent meur), qui allait de Crozon à Roscanvel en passant par Saint Fiacre, Kerellot, Lodoen et Kervian..

Plus tard, à la suite de la construction des forts le long de la côte, il a été construit une route centrale, jusqu'à la pointe des Espagnols. Sur la borne Michelin, qui existait autrefois au carrefour avec la route de la Fraternité, cette route était qualifiée de route stratégique n°1.

 


Jusqu’en 1851 le deux villages étaient d’ailleurs rattachés à la commune de Crozon, ce qui posait pas mal de problèmes en raison de l’éloignement : Crozon à 9 km et Camaret à 5 km, contre moins de 2km pour rejoindre Roscanvel.


C’est la construction des lignes, la fin du 18ème siècle, qui a amené les deux villages à se tourner vers Roscanvel, car les deux portes étaient fermées la nuit, du moins jusqu’en 1918.

Ces lignes sont décrites dans une page spéciale, qui est hébergée par le site http://tremet.jimdo.com

 

Ogée l’avait d’ailleurs noté  dans son dictionnaire historique et géographique publié en 1853:

 

 

Curieusement un seul document fait référence à la construction de ces lignes. Dans le brouillon du partage des biens de Joseph Keraudren et de sa femme, Jacques Keraudren, leur fils, accepte de revoir sa part d’héritage, si la construction du fort vient amputer la part de ses neveux et nièce. Mais on n’y reviendra pas, alors que, selon le cadastre, les Laé ont des parcelles dans l'emprise du réduit.

A cette époque il n’y avait pratiquement que la route en jaune pour aller jusqu’à Roscanvel et elle ne devait pas être très différente de ce qu’est aujourd’hui la partie qui monte de Kerellot.

 

Ce chemin est empierré au départ du village; c’est moins visible plus haut.

Un second chemin, repéré en rouge sur la carte, partait de Kerellot et longeait la côte pour rejoindre le grand chemin, au bout du village de Trégoudan. Il est probable qu’il existait déjà à la fin du 16ème siècle, quand les espagnols sont venus occuper la pointe. Dans sa partie supérieure il avait pour nom "garront ar c'hor", un nom bien plus poétique, que le nom actuel : impasse de l'étang.

 

La construction  des lignes a modifié le tracè des chemins venant de Camaret ou de Crozon. On le verra quand on s'intéressera au village de Tremet, aujourd'hui enseveli sous l'avancée de la porte de Camaret.

Au cours du 20ème siècle a été construite une route, qui fait le tour de la presqu'ile (RD355);

Enfin un barreau a été construit entre le village de Trégoudan et la RD355, au niveau de la Pagode.

Malgré ces modifications toute cette zone conserve encore son caractère de goulot d’étranglement, accentué par la prolifération des panneaux d'interdiction posés par l'Armée.

 

Les Habitations

 

Il n’y avait apparemment pas de manoirs, ni de grande maison à Trégoudan, même si un groupe de champs vers la route de l'Iroise portait autrefois le nom de "Parc Gros ar Maner".. Par opposition il y en avait dans les villages environnants: notamment Lodoën et Kervian. Il y en avait également une à Quélern mais elle a été réduite après la guerre.

Sauf erreur, à part les maisons du Pors, qui ont été reconstruites au cours du 19ème siècle, aucune d’entre elles n’est datée, alors que dans la plupart des villages voisins on trouve encore des maisons avec une pierre sculptée portant l’année de la construction et assez souvent le nom du propriétaire.

En fait il y en a au moins une à Quélern, située au numéro 19 de la rue des remparts, qui porte comme date 1613, mais il peut aussi s'agir d'une pierre de réemploi.

Les dates qui figurent sur ces maisons semblent toutes postérieures à 1600. Est-ce la conséquence du passage des espagnols ou un changement d’habitude?

En 1594 cette gorge a vu passer 400 espagnols, qui ont construit un fort au bout de la presqu'ile. Il y a eu ensuite le passage des troupes franco-anglaises venues les déloger, beaucoup plus nombreuses (6000 contre 400). Le siège a duré longtemps et cela a eu forcément des conséquence sur la vie locale.

Les habitants ont-ils été amenés à reconstruire leurs maisons?

La première maison avec un étage a été construite en 1848 par Jean Marie Penfrat dans le prolongement de son penty.